lundi 25 avril 2016

Harmonie



"Joue de mon corps comme tu le ferais d'un instrument, tantôt violoncelliste, tantôt pianiste, tantôt harpiste, musicienne multiforme, tu explores toute ma gamme, faisant vibrer toutes mes cordes, je ne fais plus qu'une avec toi, je suis ton instrument.


 Emporte-moi dans tes sonates, tes fugues et tes fantaisies. Fais-moi l'amour en do mineur, en domina, en duo majeur. Harmonise-moi de tes fa dièses et de tes si bémols, sans fadaises et sans bécarres, laisse-moi ponctuer ta partition de mes soupirs et mes altérations. Vocalise-moi jusqu'au contre ut, tant tes arpèges me mettent en rut. 
 

J'essaye de suivre le moindre de tes changements de rythme, la plus petite variation de ton tempo, tout en écartant et refermant mes cuisses au gré de tes fantaisies, au diapason de tes envies... Et puis, insidieusement et sans vraiment y prendre garde, un changement de timbre subtil s'opère en moi. D'abord confus et ténu, presqu'imperceptible au début, il grandit progressivement, inexorablement, roule et enfle encore et encore, jusqu'à ce qu'il prenne corps, que je sente au fond de moi comme un train d'ondes successives, couvrant toute la gamme du spectre audible et inaudible.


 Ca commence avec les infrasons, puis les ultrabasses, auxquelles viennent s'ajouter mille harmoniques, comme le souffle de mille orchestres philarmoniques qui auraient envahi la scène du théâtre de Bayreuth, accents wagnériens, chevauchées des Walkyries, chevauchées fantastiques, hordes de chevaux sauvages lancés au galop que plus rien ne peut contrôler, harde folle emportant tout sur son passage et que rien n'arrête...ad lib, ad libido...


Je crois que j'ai crié quand tu m'as fait jouir...a capella...sans me retenir.
Viens, on reprend à ta coda...allegro vivace...vivante et vibrante entre tes doigts."


© Les Contes Oniriques, 2016
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