vendredi 8 février 2019

Les choses de la Vie


Ce soir nous sommes Septembre
et j'ai fermé ma chambre
Le soleil n'y entrera plus
Tu ne m'aimes plus

Là haut un oiseau passe
Comme une dédicace
Dans le ciel…

Je t'aimais tant Hélène
Il faut se quitter
Les avions partiront sans nous
Je ne sais plus t'aimer Hélène

Avant dans la maison
J'aimais comme nous vivions
Comme dans un dessin d'enfant
Tu ne m'aimes plus

Je regarde le soir
Tomber dans les miroirs
C'est ma vie

C'est mieux ainsi Hélène
C'était l'amour sans amitié
Il va falloir changer de mémoire
Je ne t'écrirai plus Hélène

L'histoire n'est plus à suivre
Et j'ai fermé le livre
Le soleil n'y entrera plus
Tu ne m'aimes plus




Asphalte…
Toutes les deux sur cette route qui nous emmène au bout de la nuit, avec pour seuls compagnons de voyage quelques anophèles qui viennent s'écraser sur le pare-brise, aveuglés par la lumière des phares, confondant les photons qui s'en échappent avec des phéromones improbables, croisant ça et là quelques autres voyageurs égarés dans la nuit noire au regard blafard, hagard, l'espace d'un instant fugace, nimbés du halo jaune qui les entoure pour mieux les renvoyer aux ténèbres une fois croisés.

Asphalte…
Ta main s'est posée sur ma jambe…
Elle se fraye un chemin tortueux et "tortureux", remontant doucement le long de mes cuisses en passant sous ma robe, laissant mes sens en alerte, en éveil...plus de deux heures que nous roulons et déroulons nos rubans, crois-tu qu'on doive s'arrêter ? Je me cale un peu plus sur mon siège et me concentre sur ma conduite, bravache, redressant ma poitrine que je sens palpiter de mon envie de toi. Puis ta main s'insinue tant et plus sous les plis du fin tissu léger qui drape et enveloppe mon corps, plus sûrement emballée qu'une œuvre de Cristo par ta présence à mes côtés, et elle me force à ouvrir et écarter un peu plus mes jambes pour l'accueillir au mieux, comme s'écartent les arbres bordant le ruban noir sur notre passage tandis que nous nous enfonçons au cœur de la forêt et qu'elle se referme derrière nous, comme pour mieux nous garder.

Asphalte…
L'air est doux, comme ton souffle que je sens sur ma nuque, quand tu es venue tout contre moi poser ta tête sur mon épaule, en m'embrassant dans le cou, jouant de ta langue experte qui me fait frissonner à chaque fois qu'il te prend l'envie d'en jouer. Ainsi je te laisse l'avantage et le choix des armes, sans résister d'avantage, et tu en profites alors pour forcer le barrage de principe de ma petite culotte qui te barrait le chemin, tes doigts se faufilant entre elle et ma toison, puis s'insinuant en sinuant le long de mon sillon, connaissant l'itinéraire par cœur, ils finissent par arriver au bout de leur voyage.

Asphalte…
Tu joues d'abord de ton majeur que je recouvre de ma moiteur, puis ton pouce vient s'imposer et s'apposer sur mon bouton d'amour que tu déboutonnes, quand tu décides ensuite de me mettre à l'index pour me faire monter dans les tours, et que je fixe l'aiguille du compte-tours qui s'affole à mesure que tu m'affoles, ne pensant plus qu'à tes deux aiguilles qui me transpercent en douceur, aussi trempées de moi que la route après une pluie d'orage. Puis tes aiguilles se font crochets, tes gestes se font plus rapides et plus appuyés, je te sens aller et venir en moi de plus en plus vite, de plus en plus fort, frôlant l'excès d'ivresse de mes profondeurs, et juste avant que tu ne me fasses jouir, ta bouche vient se plaquer à la mienne et ta langue m'emporte dans un tourbillon, étouffant le bruit de la vague de plaisir qui me submerge au moment où je lâche enfin prise.

Asphalte…
J'ai fermé les yeux un court instant qui a duré une éternité, et puis le choc, brutal, juste après le bruit du crissement des pneus couvrant celui de mes cris mêlés d'extase et d'effroi, les tonneaux mettant mes sens sans dessus ni dessous, et puis l'arbre autour duquel je m'enroule, comme ta langue il y a une seconde s'enroulait autour de la mienne dans ce rêve qui s'est transformé subitement en cauchemar.

Asphalte…
Dans l'ambulance qui m'emmène loin de toi, juste avant que les lumières ne faiblissent et que ma raison ne vacille, je perçois une dernière fois la voix du sauveteur s'adressant à son collègue en lui disant : "encore une chance qu'elle était seule, car vu l'état de la voiture, ça aurait été un carnage autrement." Tu te penches alors une dernière fois sur moi, ton visage aux contours flous au-dessus de ma tête, Hélène, ma belle Hélène, ma Dame Blanche à la silhouette diaphane et fantomatique, juste avant de disparaître et t'en retourner à la forêt.
Et puis les lumières s'éteignent et tout s'arrête.
Asphalte…

© Les Contes Oniriques, 2019
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