mardi 26 avril 2016

La Roche aux Fées

Sarabande, farandole, ça rend folle...



 Valses à trois temps, deux mouvements, un battement d'ailes, à tire-d'ailes, ça rend belle...
Sylphides diaphanes aux ailes d'argent, qui prendront leur envol dès qu'aura passé le vent, vent mauvais, vol-au-vent, mais avant...avant...




Je suis allée te retrouver dans ton jardin des Hespérides, désespérée et vide, vide de tout ce vide qu'elle avait fait naître autour de toi après t'avoir fait croquer sa pomme, ne te laissant plus ensuite que l'or de son silence...silence, on tourne, on tourne la page.






Je me suis approchée doucement de toi, à pas feutrés, mesurés, mais sans mesurer la distance qui nous séparait encore, à la démesure de mon envie démesurée de toi, désemmurée de moi, portant mes rêves et mes espoirs à bout de bras, et tenant dans mes mains quelques onguents et autres potions, ainsi que des fragments de Lune pour recoller tes ailes brisées, fragments d'ailes, fragments d'elle...



Puis tu m'as vue...tu m'as souri...de ces sourires qui ne sont qu'apparences, trompeurs, en trompe-l'oeil, de façade, comme ces décors de cinéma, mais tu savais pourtant déjà que la vie ce n'était pas du cinéma, surtout après celui qu'elle t'avait fait, en te racontant des histoires de châteaux de contes de fées, châteaux en Espagne et contes défaits, la fée clochait, tous comptes faits, de fait, de faits et causes, dont tu devrais assumer seule les conséquences, petite fée délogée du logis. Sauf que...



Sauf que désormais j'étais là pour toi, comme je l'avais toujours été et comme je le serais encore, sans vraiment que tu n'en aies conscience dans tes inconsciences, tes silences et tes absences, tes défiances qui m'avaient laissée sans méfiance, sans défense, sans résistance. Les grandes douleurs sont muettes et tu n'avais pas entendu mes cris de toutes façons, balayés comme poussière d'ange d'un revers de fortune.



Mais aujourd'hui comme demain mon destin serait toujours lié au tien, alors je t'avais dit "reviens, et repartons main dans la main", après une dernière danse, dernière ronde de nuit, comme ces papillons dans leur parade nuptiale, attirés par la lumière des paradis artificiels.



Alors envole-moi encore, "enlove"-moi toujours...je t'aime.


© Les Contes Oniriques, 2016
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Concerto pour piano à quatre mains et deux majeurs

Somatognosie Psyclothymique (essai)
 
(Les numéros renvoient aux titres présents sur le lien YouTube ci-dessous et constituent l'ossature de ce texte purement fictif...ou pas) :)

 Bonne lecture et bonne écoute.



Assise à tes côtés, mes mains parcourent ce clavier, toujours sur le fil (8) de mes envies de toi, comme à l'été 78 (6) de ce premier rendez-vous (4), rue des Cascades (18), l'époque du temps de la fin de l'insouciance, de la fin de l'âge heureux et de la fin de l'enfance (10)...la fin de l'innocence.



Elles se souviennent encore de nos escapades, à la dérobade, quand toi et moi, couchées dans le foin derrière le Moulin (17), tu avais fini par me confier ton secret, car j'avais su gagner ta confiance et je recevais la moindre de tes confidences comme un don du ciel.



Je n'avais pas compris la démarche (16) sur le moment, refusant d'y croire, refusant de t'imaginer dans les bras d'une autre, refusant l'évidence qui pourtant me crevait les yeux et le coeur.




Je me souviens aussi très bien de ma gène de n'avoir pas eu le courage de t'avouer le mien alors, essayant de donner le change en prenant un air faussement détaché, tout en mâchouillant quelques brins d'herbe glanés ça et là, avec le secret espoir qu'ils puissent être aussi toxiques que de la cigüe, au fur et à mesure que tu parlais. Tu avais même pris mes mains dans les tiennes en me faisant jurer de ne jamais en parler à quiconque. J'avais voulu esquisser un mouvement de recul, j'aurais voulu disparaître, ne plus exister, m'anéantir encore plus que je ne l'étais, mais comme dans les pires cauchemars où des créatures terrifiantes nous poursuivent sans qu'on ne puisse avancer d'un pas, j'étais paralysée.



Et puis il y a eu la valse d'Amélie (5) qui venait de nous surprendre, rameutant les autres de ses cris, avec son air satisfait de future fouille-merde (je crois qu'elle a fini pigiste à Closer) et tout s'est arrêté.



Le retour au camp, le savon, l'engueulade mémorable devant les autres, livrées à la meute des imbéciles prêts à la curée, je me souviens surtout de ton air de biche traquée, tandis que tu la cherchais du regard, et que je pestais de toute la force de mes 14 ans contre toute l'absurdité du Monde. En regardant Lara (3), j'ai compris qu'elle avait compris que ton coeur ne battait que pour elle et que vous alliez bientôt vous retrouver dans le dortoir des grandes, et que la chute (13) n'en finirait à présent jamais pour moi.




Puis l'année d'après, une autre comptine d'un autre été (2) au cours duquel on s'est retrouvées, l'absente (19) ne pouvant plus me dérober ces doux instants passés auprès de toi, entre nos longues promenades à bicyclette sur les routes de campagne, pour rejoindre la plage (12) à proximité du chantier naval (7), ou encore les veillées dans la grande salle avec les deux pianos (15) désaccordés dans le fond, sur lesquels tour à tour nous massacrions les quelques accords que nous avions appris.



C'est au cours d'une de ces soirées, quand nous avions pu enfin rester seules, que tu m'avais raconté la dispute (9) qui avait mis fin à votre idylle, la fois où elle t'avait dit le matin (14) au téléphone "j'ai vu papa aujourd'hui (1), il est revenu à la maison le temps de régler les derniers préparatifs de notre départ pour notre nouvelle vie en Australie...trop contente...on va habiter un ranch dans le Queensland au milieu des kangourous...et puis tu sais, de toutes façons toi et moi ça ne pouvait plus durer...ne m'en veux pas...et puis tu sais à mon bahut j'avais rencontré un garçon et je crois que finalement je préfère les mecs...bonne chance."



Tu m'avais aussi raconté ton envie d'en finir à la suite de tout ça, tes tentatives de suicide, ton mal-être permanent, ta peur de ne jamais être comprise, de ne pas être "normale"...et cette fois c'était moi qui avait pris tes mains dans les miennes, pour ne plus les lâcher, c'était moi qui avait enfin trouvé la force de te dire mon secret, sans personne pour nous surprendre encore, pour nous juger.



On avait fini par s'enlacer, et puis s'embrasser, serrées l'une contre l'autre, en rêvant que cette nuit d'été ne finisse jamais...



Et puis la vie est passée...il y a eu le voyage sans retour de la mère (11), la mort du père, mais cette nuit n'a jamais vraiment fini, même si aujourd'hui les trains de banlieue ont remplacé nos vélos, même si on ne s'aime plus sur les mêmes accords que ceux de cette nuit, et même si le Monde a changé, toi tu es toujours restée la même et tu le resteras toujours à mes yeux, puisqu'aujourd'hui encore tu es là, avec moi...







© Les Contes Oniriques, 2016
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1 I Saw Daddy Today
2 Comptine d'un autre été
3 Watching Lara
4 First rendez-vous
5 La valse d'amelie
6 Summer 78
7 Naval
8 Sur le fil
9 La dispute
10 Childhood
11 Mother's Journey
12 La Plage
13 The Fall - La Chute
14 Le matin
15 Les deux pianos
16 La Demarche
17 Le Moulin
18 Rue des Cascades
19 L'absente

Petit lexique :

Somatognosie : réfère à la connaissance qu'un individu a de son corps et des relations entre ses différentes parties.

Cyclothymique : personne atteinte d'un trouble de l'humeur dans le spectre de la bipolarité, au cours duquel les périodes euphoriques et les périodes dépressives et d'irritabilité se succèdent.

Psyclothymique : néologisme sorti tout droit de mon cerveau malade désignant une personne atteinte de psychopathie et de cyclothymie

Somatognosie Psyclothymique : je vous laisse trouver le sens de l'association des deux...et puis ça donne un côté Erik Satie (lui aussi il donnait des noms bizarres à la musique)

Ballerina girl




Chausse tes ballerines et viens avec moi passer un coup de ballet...





Avec ou sans lac, fais-moi un cygne...ce soir, je suis ta Léda, ton vilain petit canard, celle qui vibre pour toi quand tu fais tes entrechats, joli petit rat, ou bien encore ton cygne noir quand tu m'allumes les feux de la rampe et que tu mets le feu aux planches lorsque je te vois faire le grand écart.



Ajuste ton justaucorps, montre-moi juste ton corps, mais si tu piques mon coeur de tes pointes acérées et que tu laisses ton empreinte sur ma peau...lacérée, alors tu ne seras plus seulement le fantôme de l'opéra de mes nuits étoilées, ma jolie danseuse.



Je veux te porter aux nues lors de mes portés, te faire l'amour côté jardin ou côté cour, feuler comme un léopard quand tu virevoltes dans ton léotard, puis t'enlacer sur la scène, plonger dans ton balcon, et finir avec toi dans la baignoire...avant de tirer ma révérence.




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Variations autour du complexe de Donatien.


L'amour à dache quand je t'attache, et que ma cravache vient claquer tes fesses offertes à mes sévices, à mes caprices, à mes vices...à tes délices. Ton corps frissonne, friponne, tu t'abandonnes à ta patronne.





Tu redresses la tête à chaque coup de la claquette, puis ma baguette se met en quête. Je la fais glisser lentement d'un tournemain autour de tes reins, puis elle entreprend de remonter le long de ton dos, cuir contre cuir, crissements sur ta robe, frémissement de tes globes, gémissements que j'englobe ?


 Tu en voudrais encore ?
Attend, ma jolie fleur.




Je prolonge ton supplice et mon jonc reprend sa lente reptation, se perdant en arabesques et circonvolutions sur le labyrinthe que je dessine en m'attardant, mutine, badine, ma badine que je promène d'un air badin parfois jusqu'à l'orée de tes seins, encore prisonniers pour un temps de leur gangue de cuir moulant.



 Mon bâton agace tes tétons, farandole sur tes aréoles, glisse le long de tes mamelons que je flatte de ma batte...tu ronronnes, ma chatte, mais revenons à nos moutons.



Ma courbache joue avec tes attaches, mais ne crois pas qu'elle te détache, puisqu'elle caresse maintenant ta nuque et t'électrise, en te forçant à cambrer l'échine, lorsque tu sens le courant te parcourir. C'est le moment que je choisis en appliquant une légère pression sur ton cou, de la pointe de ma buffleterie, et que tu retrouves ta posture de soumise, obéissante et docile.



Tu te mords les lèvres en réprimant ton envie de me crier ton envie d'être fouettée, domptée, montée, asservie, mais assouvie. Dans ton animalité sauvage et bestiale tu m'offres à nouveau ta croupe, ma belle pouliche, quémandant d'autres flatteries plus abouties, d'autres formes de harnachements, d'autres attachements, comme lorsque je te monte à cru avec cette double ceinture que tu aimes tant, faisant de nous deux centaurines, à la fois cavalière et monture, jetées en pâture à nos désirs de cyprine, désirs flagrants, flagrants délires...



 A nouveau prise en flag, reçois mes coups de schlague. Je t'aime !



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Trans Europe Express





Avec leurs doux yeux colorés
au bioxyde de manganèse
les biodolls te font danser
au bal des parthénogenèses
Elles sont programmées pour une heure...
le temps de rincer sa libido
Les indigènes appellent ça le bonheur
mais toi tu dis : "je préfère les marshmallows."
(H.F. Thiéfaine)


Winnie l'ourson au pays des Bisounours, surfant sur les vagues à l'âme de l'écume bouillonante qu'on trouve à la sortie des collecteurs d'égouts, charriant leur lot de pestilences aux remugles d'outre-tombe, putréfactions des chairs et des esprits, la seule étoile que j'aurais dù vénérer étant celle de l'Ajax (WC)...
(Réveil)



Je suis une fille...
Pas une licorne, pas une fée, pas une princesse...une fille.
Ils me l'ont dit à la maternité.
(Réveil)



"Tu enfanteras dans la douleur", qu'il disait l'autre con, ben pas seulement...et puis la première chose qu'on te fait en naissant, c'est d'emblée la claque sur les fesses, histoire de te faire crier un bon coup pour voir si t'es prête à encaisser tout ce qui t'attend plus tard. Si j'avais su j'aurais fermé ma gueule la première fois...
Mais tu vois comme on peut être conne parfois : bien que déjà échaudée j'en ai redemandé...faut croire que j'étais maso finalement, et que je n'ai pas pris assez de baffes...je suis une fille.
(Réveil)



Alors du coup j'ai tendu ma carte d'adhérente, parce que tu vois, j'y avais droit au grand cirque, que l'ordonnateur des pompes funestes venait de contrôler et poinçonner mon ticket...je suis une fille.
(Réveil)




Alors j'attache ma ceinture, je rajuste mon bandage herniaire, et je prends l'ascenseur pour l'échaffaud...pour les chats faux.
Quel étage ?
On descend à l'entre-sol, au fond du trou, comme Alice au pays du vermeil, tout ce qui brille n'est pas or, mais si j'aperçois le lapin blanc, alors c'est que je crois encore au père Noël...je suis une fille.
(Réveil)




Je pénètre enfin dans le "Saint des seins". On me demande de m'allonger sur une croix, les bras en table...qu'est-ce que je dis là...je dors déjà...je suis une fille.
(Réveil)



Qu'est-ce que je fous là, déjà ? Ah oui, ça me revient...Approche un peu que je te pince, pour voir si je ne rêve pas...
Tu as eu mal ?
Merci, c'était donc vrai...je suis une fille.




Maintenant, apprend moi à être ta femme...
(Mémoires d'une transsexuelle)

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Viens

"Viens !"

Je l'aime, ce mot, un des plus beaux de la langue française.

"Viens", c'est une promesse, des prémices, une promise, le début de la fin d'une errance en déshérence, une attirance,..




C'est aussi une envie, une folie, un murmure ou un cri, un souffle, un soupir, un ordre qui claque, une prière, une requête, une supplique, un désespoir, un fol espoir, un signe...



"Viens", c'est toujours un encore, encore et toujours, pas toujours pour toujours...le début des emmerdes quand c'est teinté d'amour.



"Viens", c'est une invitation, un voyage, une découverte, un risque, une évasion, un refuge, un havre, une douce prison...



C'est un baume sur une plaie, un mot contre les maux, une main tendue, un corps offert, une seconde d'éternité, ô temps, suspend ton vol, suspend ton viol...



"Viens", comme un lâcher prise, un abandon, un oubli...

Alors je...




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L'île bleue

Clair de Lyne au coeur de Lune des Îles sous-le-Vent, brise nocturne ou vent saoul, soulevant ta robe qui se dérobe en Société, mais jamais à satiété.



J'aime tes jambes fuselées, dans ton fuseau serrées, tout comme ces pilotis qu'on trouve à Maupiti, piliers de ton écli, torii de mes envies, au creux desquelles, piégée, je bois à ton acmé.



Mais foin de lyrisme, mon doux extrait de cyanure, donne-moi ton amande au goût suave et amer, ouvre-là de ton casse-noisettes en écar...tant tes lèvres, jusque-là bord à bord, ma perle de Bora Bora, d'où perle ton nectar que ma langue recueille, promesse d'instants futurs plus doux et enivrants encore, quand de tes spasmes tu inonderas ma bouche et que je te sentirai couler au fond de ma gorge.



Insatiable, je te dis...

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Petit lexique :
*Société : archipel dont font partie les Îles Sous-le-Vent
*écli : languette de bois éclaté
*torii : portail traditionnel séparant le monde physique et le monde spirituel
*acmé : point de tension extrème, apogée, orgasme

Malvina




En souvenir du bon vieux temps de l'époque du Rocambole :

"Jane, Joe, and Partner...t'en souvient-il ?
Troublants, dans "Folies d'Orient"...puis ce furent "Les Caresses de Madame Bovary".
L'Etranger nous les avait pris, les voici de retour...fleurs du Mal, papillons noirs émergeant du creuset de la Nuit, ils vous entraînent là où tout est luxe, calme, et volupté, dans "Top à Charles Beaudeaire"... Musique !"


Tes cheveux Malvina, ont le parfum des îles,
Mélange très subtil, chargé de sel marin.
Vaporeux souvenir, où le souffle des villes,
Épouse les ardeurs de l'amour clandestin.



Ton torse, Malvina, est un verger splendide
Dont les fruits savoureux sont trempés de soleil,
Fruits d'amour que le sol généreux de Floride
A nourri de ses sucs et teintés de vermeil.



Parfois tu prends aussi une pose enfantine,
Jouant l'étonnement ou la molle candeur.
Et riant aux éclats lorsque ma main taquine
Ton vaste sadinet où s'éteint toute ardeur.



Témoin des doux travaux dans lesquels tu excelles,
Ton nombril garde encore son ingénuité.
Évoquant par ce trait les putain de Bruxelles,
Qu'empourprent les émois de la virginité.



Sous tes vêtements clairs, ta gorge molle ondule.
Donnant à l'amateur quelque penser malsain.
Elle frôle en passant la baguette d'Hercule,
Et je sens se durcir, le globe de ton sein.



Tes jambes, Malvina, où circule un sang calme
Montent, mais lentement, vers un ciel sombre et bas.
Douloureux paradis, qu'évente de sa palme,
Un négrito dressé pour de savants combats.



Tes appâts rebondis, aussi lourds que tes fesses,
Rapproche-les ; formons un couple monstrueux.
J'aime à chercher ainsi par d'humides caresses,
Un plaisir compliqué, un coït douloureux...



© Top à Charles Beaudelaire
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