dimanche 27 janvier 2019

Assignation parapentoïde et cafard-naüm (essai)



Bruit et fureur, sors-moi de ma torpeur, par cette chaleur qui me plombe plus sûrement qu'une rafale de mitraillette en plein cœur…
Emmène-moi au-delà de l'horizon, fais-moi voler parmi les oies sauvages, flirter avec les isobares et fuir ce marais barométrique, laisse-moi m'échapper de cette gangue, de cette fange, soigne-moi de ce poison qui s'instille doucement dans mes veines et envahit sournoisement mon corps jusqu'à le  pétrifier, le putréfier…



Rêve d'Icare, dans le dédale de mon âme meurtrie qui s'abime un peu plus chaque jour dans cette mer Egée, érigée en mer des Sargasses, mer des sarcasmes, dans laquelle je me noie, encore et encore, jusqu'à ne plus pouvoir respirer, pour ne plus jamais remonter.
T'ai-je déjà raconté mes voyages en absurdie ? Quand je me prenais à imaginer l'inimaginable et que je nous voyais, chevauchant des nuées ardentes, portées par Eole, nous jouant des tourbillons sournois et retors de la folie des hommes, fuyant cette inhumanité sacralisée, divinisée, télé-réalistiquée, névrosée, nécrosée, sclérosée…


Laisse-moi entrer encore une fois dans ta bulle d'air chaud, bulle d'orage, enrouler le thermique jusqu'à ton point de rosée et crever le plafond de ton atmosphère céleste, ma divine, suspendue à tes voiles tendus par autant de jarretelles, jouant de tes fermetures et de tes décrochages intempestifs, un temps, festifs, puis rouvrir à nouveau tes ailes qui brillent au soleil pour mieux nous emporter vers d'autres contrées.


Toi et moi sur la sellette, bercées par le chant du variomètre qui nous porte aux nues, montons à nouveau en circonvolutions autour de l'enclume en évitant le coup du marteau. Au-dessus des nuages il fait toujours beau, dis-tu, à l'heure où le solstice d'été s'apprête à passer la main à nos futures équinoxes, sans équivoque, puisque tes nuits sont aussi belles que nos jours, mon amour.


Puis sans transition, couper court à l'hypoxie et redescendre de quelques paliers afin d'y pallier, en 360° engagés, spiralant de plus belle en caressant tes oreilles ou tes Caroline B, et retrouver notre altitude de croisière, attitudes décroisées, où les seuls zones de cisaillement rencontrées au cours de notre périple seront celles que nous formerons lors de nos ciseaux aux longues lames émoussées, émoustillées, ondulant et ondoyant sur le fil ténu de nos zones de lubrificités.



Il va être temps d'atterrir, après une dernière prise de tes reins en U de mon majeur, et sans que tu n'aies eu besoin de larguer ton secours, le laissant dans son pod, t'agrippant à d'autres poignées que la sienne.
Enlève ta Gin, je laisse ma Storm qui s'éloigne à mesure que se profilent les beaux jours, et ma Prion qui me rendait folle, la vache, et retrouvons-nous ensemble sous cette nouvelle Nova...tant de septièmes ciels à parcourir encore, toi et moi.

 


Petit guide :

- thermique : terme désignant une colonne d'air chaud qui permet aux parapentistes de gagner de l'altitude en tournant à l'intérieur.

- variomètre : appareil indiquant la vitesse à laquelle on monte ou on descend.

- enclume : cumulonimbus (nuage en forme d'enclume) dont la présence traduit de fortes ascendances mais aussi un piège mortel si on se fait "aspirer" par ce dernier.

- 360° : virage à 360° qui permet d'accélérer la descente plus il est "engagé", qui est parfois un moyen d'échapper à une ascendance trop forte.

- les oreilles : terme de parapente qui consiste à replier les extrémités de l'aile pour perdre rapidement de l'altitude, en réduisant ainsi la surface portante totale.

- les B : "tirer sur les B" en parapente consiste à "casser" le profil de l'aile en tirant sur les suspentes reliées à la partie centrale de celle-ci pour chuter plus vite (à utiliser avec modération).

- Caroline B : marque de bas nylon

- lubrificités : pur néologisme issu des mots "lubrique", "félicité", et..."lubrifiant".

- prise de terrain en U : ("prise de tes reins…") action qui consiste à se présenter à l'atterrissage en remontant le terrain et en formant un U dans le plan de vol, pour arriver ensuite face au vent après un virage à 180°.

- Gin, Storm, Prion, Nova : modèles et marques d'ailes de parapente.

A défaut de le prendre, on peut aussi le dire : le parapente, c'est le pied.

© Les Contes Oniriques, 2019
Crédits image : https://www.caroline-b.fr/
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5 commentaires:

  1. Bonjour ma petite Carolyne,
    Merci pour ton commentaire que je viens de lire, quelle joie d'avoir ta visite chaque jour !
    Il est rare que je laisse des commentaires le week-end mais là je fais une exception.
    J'aime beaucoup ton texte, tu choisis bien tes mots.Tes écris doivent te prendre du temps mais le résultat est très intéressant.Je suis fascinée par ta plume.
    Passes un agréable dimanche, gros bisous et révérence.
    Florence

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  2. Bonjour belle Marquise. Quand on a un blog comme le tien, où le ravissement le dispute à la beauté, ce genre de compliment me va droit au cœur. J'aime beaucoup ton univers, je m'y retrouve aussi...enfin en partie, n'étant pas aussi belle que tes créatures, mais j'aime, tu nous fais rêver. :)

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  3. Bonjour ma petite Carolyne,
    Mon petit coucou amical en cette nouvelle semaine.
    Si tu as le temps aujourd'hui de passer sur mon blog tu auras une de mes nouvelles à lire (je poste un écrit chaque semaine)
    Bonne journée ma douce amie, gros bisous.
    Florence

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  4. Bonjour ma chère Carolyne,
    Je viens te rendre visite pour te dire que je pense bien à toi.
    Dans mon blog, j'ai posté un de mes contes.Si tu as le temps de le lire...
    Passes une agréable journée, gros bisous amicaux.
    Florence

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  5. Bonjour ma petite Carolyne,
    Cela fait un moment que tu n'ais passé sur mon blog, tes commentaires me manques ! Je suppose que tu manques de temps.Pas toujours évident.On a tous une vie avant Internet, hé oui.
    Je pense bien à toi et ne t'oublies pas.
    Passes une agréable semaine, gros bisous amicaux.
    Florence

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